Avis de tempête sur le Rand sud-africain, le peso argentin, le réal brésilien ou le rouble russe. La plupart des devises émergentes plongent depuis la mi août, dans le sillage de la chute sur la livre turque suite à la crise entre Washington et Ankara s’est rapidement transposée sur le terrain économique. Les sanctions comme le doublement des taxes douanières américaines sur l’acier et l’aluminium turc ont succédé aux déclarations diplomatiques menaçantes, agitant les marchés mondiaux. Si la livre turque, qui a perdu 19 % face au dollar sur la seule journée de vendredi, est en première ligne, d’autres devises émergentes sont également dans la tourmente. L’indice MSCI qui regroupe un panier d’une vingtaine de devises émergentes a touché son plus bas niveau en un an.
En une semaine, le rand sud-africain et le rouble russe ont perdu 8 % face au billet vert, évoluant tous deux à leur plus bas depuis deux ans lundi matin. Même tendance pour le réal brésilien (-4 %) et le peso argentin qui a cédé près de 6 % depuis lundi dernier.
Les devises de ces pays souffrent de la fin de la politique monétaire américaine accommodante qui pénalise en première ligne les pays qui se financent sur les marchés internationaux pour soutenir leur croissance et leur développement, révélant leurs fragilités internes. Les investisseurs étrangers préfèrent alors se déplacer sur le marché américain, plus rémunérateur et délaissent les marchés émergents.
Ce mécanisme crée un cercle vicieux : la devise locale perd du terrain face au dollar, le coût des importations augmente alors mécaniquement et avec lui l’inflation ce qui ne fait qu’encourager les investisseurs étrangers à reprendre leur mise.