Outre Atlantique, depuis plusieurs mois, les salaires sont clairement orientés à la hausse et la remontée spectaculaire du prix des matières premières devient un vrai sujet de préoccupation. En France, les prix à la consommation progressent de 2,3 % en juillet, leur plus forte hausse depuis mars 2012. Un regain d’inflation dû surtout à la hausse du pétrole.
Une nette accélération qui se traduit par des pertes de pouvoir d’achat pour les consommateurs, étant donné que les salaires n’augmentent pas aussi rapidement. Mais surtout une situation qui lamine les épargnants.
Plus de 776 milliards d’euros dorment sur les comptes courants non rémunérés des Français. Un magot qui est désormais rogné ay rythme de 2,3 % par an. Pis, avec un tel niveau d’inflation, la performance réelle des placements sans risques, livret A en tête, est désormais négative.
19,2 milliards de perte de pouvoir d’achat
Le rendement réel du livret A et du LDDS (ex-Codevi) rémunérés à 0,75 % est aujourd’hui négatif de 1,55 % (0,75 % – 2,3 %). Compte tenu de l’encours de l’épargne défiscalisée (400 milliards d’euros), la perte annuelle de pouvoir d’achat peut être estimée à 6,2 milliards d’euros (400 milliards x 1,55 %).
Ce qui est vrai pour le livret A l’est aussi, dans une moindre mesure, pour l’assurance vie dite « en euros », soit l’assurance vie traditionnelle qui affiche des taux de rendements autour de 1,6 %. Compte tenu de l’encours des contrats et fonds en euros (1 300 milliards), l’érosion de pouvoir d’achat s’établit, pour les assurés détenant un contrat dans la moyenne du marché, à 13 milliards d’euros (1 300 milliards x (2,3 % – 1,3 %).
La perte de pouvoir d’achat pour les Français atteint donc 19,2 milliards d’euros.
Alors que faire pour résister à la hausse de l’inflation ?
Certes les livrets sont indexés sur l’inflation. Leur rendement va donc suivre l’inflation. Mais avec du retard. De plus, la hausse des taux compensera la hausse sans jamais faire mieux.
Les obligations ?
Une obligation est une valeur mobilière représentant une part de dettes à long terme d’un État, d’une collectivité locale ou d’une entreprises.
Qui dit inflation, dit hausse des taux long terme. Et dans ce cas, mécaniquement les obligations baissent.
Tous les épargnants et les investisseurs doivent faire face à ce risque. Si l’inflation augmente, la valeur et les revenus d’un investissement se dégradent nécessairement.
C’est pourquoi certaines obligations sont indexées sur le taux d’inflation. Elles garantissent à leurs détenteurs un réajustement quotidien de la valeur de leur investissement en fonction de l’évolution de l’inflation.
C’est le cas de l’OATi, une obligation émise par l’État français et indexée sur l’inflation. Ainsi, chaque année le coupon et le prix de remboursement sont réévalués pour tenir compte de la hausse de l’indice des prix depuis le lancement de l’emprunt. L’investisseur est ainsi complètement protégé contre l’inflation.
Pour investir dans ce type d’obligations, le plus simple est d’acheter des ETF (Trackers), des paniers d’obligations qui répliquent leurs performances ou des fonds spécialisés investis dans des obligations assorties d’une protection contre l’inflation. Jusqu’à présent les fonds en euros indexés sur l‘inflation n’ont guère brillé par leurs performances. Celles-ci n’ayant pas toujours suffi à couvrir les frais d’entrée de gestion, mais avec la remontée des taux d’intérêt les performances vont d’améliorer.
Les assurances-vie en euros ?
En théorie l’impact de l’inflation sur les contrats d’assurance-vie en euros est négatif car ces fonds sont investis sur des obligations mais en pratique leur rendement augmente sur la durée avec la hausse des taux car une partie est investi sur des placements à court terme.
Les actions ?
En principe, une inflation inférieure à 2 % et plutôt négative pour les actions, entre 2 % et 5 % c’est plutôt positif, au-dessus de 5 % cela devient très négatif pour les actions. Reste à bien choisir les secteurs. L’inflation est traditionnellement favorable aux banques qui restaurent leur marge de taux. De façon générale, il faut favoriser les entreprises qui peuvent répercuter les hausses de prix vers leurs clients sans subir de baisse de chiffre d’affaires comme le luxe, les entreprises technologiques mais également bien sûr les minières et les pétrolières et éviter les entreprises qui subissent la hausse des prix comme la distribution ou l’agro alimentaire.
L’immobilier ?
En période d’inflation les prix de l’immobilier flambent. Sauf si l’inflation provoque une grave crise financière ou une forte hausse des taux d’emprunt. Il est donc plus prudent de miser sur l’immobilier professionnel. Les SCPI (Sociétés Civiles de Placement Immobilier) et les OPCI (Organismes de Placement Collectif en Immobilier) permettent d’investir de profiter facilement du dynamisme du marché immobilier, notamment professionnel. Un marché à privilégier en période de reprise d’inflation car les loyers payés par les entreprises sont directement corrélés à l’inflation. Ce support d’investissement vous aide, entre autres, à vous constituer un patrimoine immobilier solide facilement transmissible ou à obtenir un complément de revenus indexés sur la hausse des loyers.
L’or ?
L’or c’est lui aussi le placement inflation. Son cours profite à plein de tout dérapage de l’inflation. Car l’or est une valeur refuge, un actif permettant de se couvrir tout en bénéficiant d’un potentiel de hausse des cours, associé à un risque de dépréciation limité. D’un point de vue historique, l’or a prouvé qu’il était un « ami fiable » en période de montée de l’inflation et de hausses graduelles de taux d’intérêt. Mais attention, un scénario de durcissement monétaire trop rapide des banques centrales provoquerait une remontée des taux d’intérêt réels et constituerait un risque pour le métal jaune, qui ne verse aucun revenu.
Les matières premières ?
Le contexte actuel de reflation (reprise de l’inflation et de la croissance) pousse à s’intéresser aux actifs réels, tangibles, et dont les cours profitent traditionnellement du raffermissement de la croissance – synonyme d’un surcroît de demande.
Les prix des métaux industriels sont tirés par l’essor de la consommation dans les pays émergents, tandis que ceux de l’énergie seront portés par la croissance des pays développés.
Les matières premières sont accessibles au grand public aux travers des ETF (trackers) qui suivent des paniers de valeurs de l’énergie ou des métaux industriels.