Quand, au delà des aspects légaux, une entreprise devrait-elle souscrire une assurance ? Une étude de la Cass Business School identifie les variables qui influencent les décisions d’une organisation en matière d’achat d’assurance.
Une recherche de Simone Krummaker, maître de conférences en assurance à la Cass Business School (City University of London) a découvert huit facteurs qui influencent le niveau d’aversion au risque d’une organisation et les exigences probables de celle-ci pour souscrire une assurance.
L’étude de Simone Krummaker, « Les exigences d’assurance des entreprises : une approche exploratoire », a examiné les influences principales sur la demande d’assurance et la prise de décision par les propriétaires ou par la direction des organisations. Cette étude a associé des entretiens, des documents et des coupures de presse au sujet d’organisations de tailles et secteurs variés. La recherche a analysé des relations interdépendantes entre une série de facteurs pour concevoir un modèle basé sur les variables suivantes :
Aversion au risque par la direction : le facteur décisif pour la demande d’assurance d’une organisation est l’attitude individuelle du décideur face au risque. Cette attitude envers le risque peut cependant être influencée par plusieurs des conditions ci-dessous.
Structure de propriété de l’organisation : comporte-t-elle un seul propriétaire, dont la préférence en matière de risque détermine la demande d’assurance, ou s’agit-il d’une entreprise plus importante, auquel cas l’implication des investisseurs dicte les décisions des responsables ?
Taille d’une organisation : les grandes organisations disposent généralement de services structurés traitant les questions d’assurance, d’évaluation des risques et de déclaration de sinistre, ce qui peut réduire la demande d’assurance, alors que les petites entreprises ne disposent pas de cette capacité en interne et ont recours aux services d’un assureur.
Diversification de l’activité d’une organisation : les organisations ayant plus de possibilités de diversification (de leurs activités et de leurs sites) peuvent en profiter pour atténuer les risques et réduire leur demande d’assurance. Les grandes organisations ont tendance à exploiter ces possibilités et à diminuer ainsi leurs exigences en matière d’assurance.
Solidité financière d’une organisation : les organisations dont la situation financière est robuste peuvent payer des franchises plus élevées et utiliser des sources internes de financement des risques qui réduisent leur demande d’assurance.
Volatilité des revenus : les organisations dont les revenus sont très instables (saisonniers, par exemple) sont davantage susceptibles d’avoir recours à une assurance pour combler d’éventuels déficits dans leur bilan. La gestion de la volatilité des revenus au moyen d’une assurance dépend de la structure de propriété d’une organisation : en général, une structure plus étendue entraîne une plus grande demande d’assurance.
Les niveaux d’imposition ne semblent pas avoir d’effet sur les exigences d’une organisation en matière d’assurance.
Simone Krummaker déclare que ses conclusions peuvent aider les dirigeants d’entreprises à mieux connaître leurs besoins en matière de services d’assurance, par rapport à d’autres mesures d’atténuation des risques, et à prendre conscience de leur propre attitude envers les risques. « L’assurance joue un rôle important dans les stratégies de gestion des risques des entreprises, mais au-delà des exigences légales, celles-ci prêtent peu d’attention aux domaines et à l’étendue à couvrir. » « Au niveau individuel, notre souscription d’une assurance s’explique par notre aversion au risque ; mais au niveau des entreprises, ce facteur est influencé par des différences de taille, de puissance financière, d’activité et de structure », précise-t-elle.
Simone Krummaker pense également que cette recherche peut informer les assureurs et les aider à adapter leurs produits aux différentes entreprises pour répondre aux besoins probables de celles-ci. « L’assurance peut être un problème complexe pour les organisations, en particulier pour celles moins bien établies dans le contexte économique actuel. La connaissance des raisons sous-jacentes aux choix des organisations en matière d’assurance et de gestion des risques peut aider les assureurs à attirer leurs clients, tout en permettant aux organisations d’atténuer les risques en toute confiance, sans accumuler des coûts injustifiés ». L’étude « Les exigences d’assurance des entreprises : une approche exploratoire » est publiée dans Risk Management and Insurance Review.